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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

France. En arrivant dans la case, il fut un peu interloqué : Ralinoure s’agitait au milieu de Malgaches, hommes et femmes, sans doute des gens de sa famille, en train d’opérer un véritable déménagement.

La ramatou portait le deuil de son mari vazaha. Selon le rite imérinien, elle avait tressé sa lourde chevelure en une longue natte épaisse, dénouée à son extrémité, et elle avait ôté de ses poignets et de ses doigts les bijoux habituels. Mais la douleur ne l’absorbait pas au point de lui faire négliger ses intérêts, et, en femme pratique, elle partageait les biens de la communauté, selon la règle malgache des « trois brins de paille rangés en ligne » : les deux premiers appartiennent au mari, le troisième à l’épouse.

Au milieu de la salle à manger gisait un paquet volumineux, enveloppé d’un drap et prêt à être emporté. Du linge, des effets, des bibelots s’entassaient pêle-mêle sur la table. Ralinoure, gênée, expliqua que des parents à elle étaient venus chercher les objets lui appartenant et quelques autres donnés depuis longtemps par Berlier. Claude, sans marquer aucun étonnement, réclama les lettres, les papiers, et monta dans la chambre à coucher. Les deux chaises, la couverture du lit, la cuvette et le pot à eau, une partie des malles avaient déjà disparu. Dès que la ramatou fut sortie, il ouvrit par curiosité une des cantines qui restaient : elle ne contenait que des linges troués et quelques vieux habits froissés. Ainsi le pillage de