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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/233

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

dire à l’ami de Berlier les paroles qu’il souhaitait d’entendre.

Il demanda encore si elle ne transporterait pas le corps de Berlier dans le tombeau que celui-ci s’était fait bâtir. Elle réfléchit un instant et dit :

— Non. Il vaut mieux qu’il soit avec les autres vazaha. Les tombeaux dans les jardins, pour que tous les ancêtres soient ensemble auprès de la case, c’est une coutume malgache.

Et Claude pensa que c’était bien ainsi : Berlier avait eu raison de rendre cette femme à sa race ; lui-même, essayant de rompre la chaîne ancestrale, n’avait eu que l’illusion de se rapprocher des Imériniens, et il valait mieux, en somme, qu’il ne reposât pas dans le tombeau malgache, loin de ses pères et sans postérité. D’ailleurs la maison, indéfiniment, allait être louée à d’éphémères passagers coloniaux, que la présence d’un mort, si près d’eux, gênerait.

Quelques jours plus tard, un matin, Cosquant arriva en trombe chez Saldagne.

— Il m’en arrive une bonne. Vous savez qu’on venait de m’accorder une troisième année. Eh bien ! on m’envoie la faire à Tuléar !

Et le brave capitaine exposa toutes les raisons qu’il avait d’être furieux : le nouvel arrivant, qui le remplaçait à Tananarive, M. Du Buys de Lachaume, était un arriviste, recommandé par plusieurs politiciens influents ; et pour ce fils d’archevêque on l’expédiait, lui, à Tuléar. Saldagne essaya de le consoler en lui vantant les charmes de sa nouvelle résidence : climat excel-