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VII

retour chez les cimmériens


Les jours suivants, la maison lui parut vide et triste. Razane avait emporté la chaise de bord où elle s’allongeait d’habitude ; mais il en regardait la place accoutumée, sur la varangue ou dans la grande allée du jardin. Le souvenir de l’Imérinienne restait obsédant : il avait beau se reprocher cette hantise, il ne parvenait pas à l’écarter. Dans les rues, à voir de loin une Malgache en filanzane, il éprouvait une indéfinissable émotion ; de même, quand les traits d’une femme ou sa démarche lui rappelait l’absente. La case, la ville, le paysage tananarivien tout entier multipliaient en son cerveau l’image de Zane. S’il faisait effort pour évoquer Paris et faire revivre dans sa mémoire des visions hyperboréennes, un autre fantôme de femme blonde et pâle ressuscitait en lui aussitôt. Il était sûr que toujours ce serait ainsi : la femme-enfant, au teint de granadelle mûre, aux yeux puérils, à l’âme impassible, resterait