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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Claude, embarrassé malgré tout, en raison de la nature particulière du service qu’il allait demander, ne savait comment aiguiller la conversation vers ce sujet délicat.

— Et vous connaissez très bien, à ce qu’il paraît, le monde indigène de Tananarive ?

— Certainement, Monsieur. Mon grand-père paternel était aide de camp de la reine Ranavaloune II. Une de mes tantes et une de mes cousines furent demoiselles d’honneur de Ranavaloune III. Mon grand-père maternel gouverna un des districts de l’Imerina. On raconte dans ma famille qu’à un moment il fut au mieux avec la Reine et encourut de ce chef la haine du premier ministre. Il devint cependant XIVe honneur et dirigea une expédition heureuse contre les Sakalaves du Boina…

— …

— Je suis apparenté par les femmes au prince Randriantoumpoundzate qui est actuellement Gouverneur Principal. Après la conquête, pendant l’insurrection, j’ai rendu de grands services à la cause française, et, en considération de ces faits, le Gouvernement de la Colonie m’a conféré la Croix du Mérite…

Sa boutonnière était ornée en effet d’un ruban bleu et blanc. Claude, ébloui par tous ces titres de gloire, se trouvait en plus en plus éloigné du véritable sujet de leur entretien. Mais Randrianarive, lui épargnant des transitions difficiles, entra d’emblée dans le vif de la question.

— Et la femme que vous désirez épouser,