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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

point d’orgue comme clausule. Ensuite les deux parties reprenaient ensemble, se séparaient sur un intervalle de tierce, et la phrase s’achevait par un intervalle de seconde dissonnant. Saldagne et Romain s’enthousiasmèrent, Desroches lui-même se montrait intéressé.

— Berlier ! vous qui savez tout ce qui est malgache, dites-nous : qu’est-ce que cet hymne admirable ?

Berlier expliqua : c’était une chanson des enfants d’autrefois. Il l’avait entendue, un jour, dans un village perdu de l’Imérina, modulée par les douces voix claires des tout petits. Les filles faisaient une partie, les garçons l’autre. Cela s’appelait Monsieur-le-Seigneur-Soleil. Les paroles en étaient simples et d’une poésie naïve. Berlier les récita sur un ton un peu emphatique :

Le voilà, Monsieur-le-Seigneur-œil-du-jour !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
De bon matin, il est sur la Forêt-Bleue !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
Il se lève derrière la montagne de l’Angâve !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
À midi, il est sur la Ville-aux-mille-villages !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
Il s’habille de pourpre sur la montagne d’Andringuître !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
Et s’en retourne dormir à Antongouane !
lé ! ré ! hé !… lé ! ré ! hé !
lé ! ré ! hô !… lé ! ré ! hô ! eh ! ry lahy !
Voici qu’il fait clair-de-lune !

Berlier montra la parfaite adaptation de la musique aux paroles, Le début éclatait comme une joyeuse fanfare, et c’était un cri de triomphe en l’honneur du soleil levant. À la fin une disson-