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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/97

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Le déjeuner fut gai. Zane racontait en riant les histoires de son village. Claude la sentait en confiance, plus proche de lui qu’il ne l’avait jamais eue. Lui-même, très à l’aise, retrouvait sur la table les objets familiers apportés de Tananarive pour la circonstance, mangeait la cuisine préparée par son cuisinier, servie par son boy, en face de sa petite épouse. Mais à la fenêtre des têtes curieuses se pressaient : une partie du village, oublieuse de l’heure, suivait les faits et gestes de l’étranger. On le regardait manger, respectueusement, sans rires ni plaisanteries déplacées. Au premier rang, Saldagne reconnut quelques membres de la famille, cousins et cousines, neveux et nièces. Quelquefois l’oncle ou la tante paraissaient sur le pas de la porte, faisaient un signe pour demander si rien ne manquait, puis, après quelques minutes de muette contemplation, s’en retournaient. Au dessert, on déboucha une bouteille de champagne et on les fit appeler. Claude voulait boire à leur santé et les remercier de leur accueil. Zane, émue par l’ambiance familiale et aussi par le champagne, fut très câline et très tendre. Claude ne sut pas lui refuser de passer toute la journée à Imérimandzak. Après la sieste, ils sortirent pour visiter le village. L’Imérimandzak d’aujourd’hui occupe à peine la dixième partie de l’ancienne enceinte, la brousse a envahi le reste. À l’ombre des grands figuiers couronnant le rempart, s’abritent quelques pauvres cases en