Page:Renouvier - Critique de la doctrine de Kant, 1906.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LEIBNIZ CONTRE KANT 397 chaque direction. Nous prenons aussi la liberté de mul- tiplier les paragraphes. Le premier concerne le précepte de la limitation de l'entendement par la sensibilité : « Si, par des objets purement intelligibles, nous en- tendons des choses qui, sans aucun schéma de la sen- sibilité sont pensées par les catégories toutes pures, de tels objets sont simplement impossibles. C’est notre in- tuition sensible, par laquelle les objets nous sont don- nés, qui est la condition de l’application objective de tous les concepts de notre entendement, et, sans cette intuition, les catégories n’ont de relation à aucun objet. Même si nous admettions une espèce d’intuition différente de l’intuition sensible, les fonctions de notre pensée n’auraient point de signification par rapporta elle. » — Pourquoi cela ? Nous ne le voyons point. Ce qui suit immédiatement nous amène les substances, qui n’ont rien de sensible, ni même d’intelligible relativement à nos concepts : « Si nous voulons seulement parler d’objets d’une in- tuition non sensible, auxquels nos catégories ne s’ap- pliquent point et dont nous ne pouvons avoir aucune sorte de connaissance (soit intuitive, soit conceptuelle), il n’y a pas de raison pour que des noumènes, en ce sens tout négatif, ne soient pas admis. Dans ce cas, en effet, nous ne disons rien de plus que ceci : que notre intui- tion ne s’étend pas à toutes choses, mais seulement aux objets de nos sens, que, par conséquent, sa validité ob- jective est limitée ; qu’zV y a place pour quelque autre espèce d’intuition, et, par là, pour ses objets. » — Kant ne pose, en ce passage, les noumènes que comme simple- ment possibles. Nous savons surabondamment d’ail- leurs qu’il les affirme, et même leur attribue des actions dans le monde phénoménal. Ici, il poursuit, et passe de suite à leur caractère incognoscible : « Mais, en ce sens, le concept d’un noumène est />ro-