Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/19

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Kant s’est servi du terme transcendantal pour désigner « toute Connaissance qui ne porte pas sur les objets mais sur notre manière de les connaître autant que cela est possible a priori ». Cette distinction a été la source de difficultés inextricables touchant le sens que ce philosophe entendait donner à l’idéalisme. Nous n’aurons pas à faire usage de ce terme, parce que nous considérons les questions transcendantes comme se rapportant indissolublement à la connaissance de nos objets, en leur vraie nature, qu’elle que soit la manière ou faculté de connaître par laquelle on peut y parvenir et qui est elle-même une de ces questions dont dépendent les autres. C’est toujours sur la réalité d’un sujet ou sur la vérité d’une relation que porte le jugement affirmatif ou négatif.

V

La réalité et le réalisme. — L’existence des sujets réels, indépendamment de nos vues objectives, ne pouvant être assurée pour nous qu’en qualité de croyance, si naturelle et si invincible que notre croyance puisse être selon les cas, nous n’avons pas à entrer dans l’examen psychologique des décisions de l’esprit touchant les phénomènes ou leurs fonctions qui ont droit au titre de réalité. Ce qu’on nomme, l’existence réelle du monde extérieur, ensemble de ces phénomènes, n’est pas davantage une question pour nous, suivant ce que nous venons de dire. Ce n’est pas la réalité, c’est la nature de ce monde, ou ce que nous pouvons en regarder comme la définition pour notre entendement, c’est cela qui est à rechercher ; c’est par conséquent le rapport de l’idée que nous en avons avec nos concepts de qualité,