Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/38

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domine la métaphysique des Idées, d’avec une démiurgie d’ordre secondaire dont le but religieux exotérique est manifeste. Tous deux étaient aptes à s’unir pour répondre à une définition du dieu pur, dans l’abstraction suprême de l’Être, quand on aurait trouvé une méthode pour faire descendre de ce dieu d’autres dieux plus accessibles à la raison commune.

XIII

Le réalisme des hypostases  : côté polythéiste. — Longtemps après le siècle de Platon et d’Aristote, philosophes rivaux dont les disciples avaient laissé les théories propres s’affaiblir, il se fit un rapprochement entre la pure unité métaphysique poursuivie par ceux des penseurs helléniques qui ne laissaient pas perdre la tradition de cet absolu, et l’anthropomorphisme divin des religions judaïque et chrétienne dont les docteurs cherchaient la formule d’un monothéisme dans lequel les attributs humains seraient autant que possible écartés de l’idée de Dieu. Des philosophes syncrétistes du iie siècle enseignèrent que l’Intelligence divine était le vrai siège et faisait l’unité des Idées de Platon. Cette interprétation substituait la Pensée et ses modes à un système abstrait de relations, mais ne faisait pas disparaître le Bien, supérieur à l’Être et à l’Essence, plus voisin d’un inconditionné que de tout ce que les hommes appellent bien, et surtout de ce qu’ils peuvent regarder comme afférent à une conscience personnelle.

Il s’opéra alors une fusion, demeurée caractéristique d’un genre de théologie, entre la personne, au sens de sujet intelligent et conscient, — la possession des idées