Page:Renouvier - Uchronie, deuxième édition, 1901.djvu/23

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L’éditeur demande pardon au lecteur pour cette ambitieuse préface, si peu convenable à la modestie de son état. Mais puisqu’il a tant fait que de s’élever dans ces hauts parages, au lieu d’annoncer une simple curiosité littéraire, il croit au-dessous de lui-même et de son public d’entrer dans les détails dont un archéologue peut s’enquérir au sujet du manuscrit et de sa traduction. Il s’est attaché à la pensée, cela suffit. Que les antiquaires viennent donc consulter et vérifier le texte ; il regrettera peu d’avoir à leur en refuser la communication[1], parce qu’il fait peu de cas des antiquités comme telles. Le latin n’est rien, la paléographie n’est rien ici ; la pensée est tout ; la voici en français à l’adresse de tous ceux qui lisent. En profite qui peut.

Le sous-titre que nous avons adopté, après bien des tâtonnements : Histoire de la civilisation européenne telle qu’elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être, indique l’objet moral du livre, non le sujet proprement dit, ni l’hypothèse qui en fait le nœud. Il était difficile de faire mieux que d’énoncer en termes généraux la pensée neuve et le genre insolite. Nous venons d’expliquer comment doit se comprendre le développement de cette pensée. Quant à l’ordre à adopter,

  1. Le propriétaire actuel du manuscrit s’en montre fort jaloux, et refuse d’ailleurs d’être nommé. Nous blâmons cette détermination, mais nous devons la respecter.