Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/151

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rences, elle n’avait pas manqué à ses devoirs. Néanmoins, par entêtement, par esprit de domination, il ne voulait pas céder. Il ne sourcilla donc pas à la lecture du procès-verbal que fit le commissaire de police à M. Noblet. D’ailleurs, croyait-il, il serait toujours temps d’arrêter les choses si Éva se décidait à se soumettre. Or il n’en désespérait pas.

Mme Noblet y songeait peu, car elle s’habillait rapidement, tout en racontant à sa tante, d’une voix brève et saccadée, ce qui s’était passé chez M. Ronçay, et aux accents de terreur de Mme Bertin sur les suites possibles de cette horrible aventure, elle répondit, les yeux secs :

— Non, non ! je ne me défendrai pas, et je te prie de recommander de ma part à M. Gilbert de ne pas me défendre, de ne pas se défendre lui-même. Je l’en conjure au nom de la sympathie qu’il a pour moi. Tout, plutôt que de reprendre la vie commune avec cet homme, ce lâche qui s’unit à mon père pour m’outrager !

— Mais que vas-tu devenir ?

— Ce qu’il leur plaira ! Peu m’importe ! Ah ! si je n’avais pas mon fils ! Il dort ; tout ce bruit ne l’a pas même réveillé. À tout à l’heure, mon Robert chéri !

Elle s’était penchée sur le berceau de son enfant et baisait doucement ses paupières closes.

Puis, se relevant, elle dit à Jeanne, sa servante bretonne, qui se tenait silencieuse dans un des angles de la chambre :