Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/164

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M. Garnier lui remit l’avis d’écrou de la Permanence en lui faisant une observation à voix basse. L’employé répondit par un signe d’assentiment, donna un ordre à un de ses subalternes et invita Mme Noblet à le suivre.

— Allez, madame, lui dit en même temps le fonctionnaire, et bon courage. On aura pour vous ici tous les ménagements possibles. D’ailleurs, je vous le répète, vous n’y êtes, j’en suis certain, que pour peu d’instants.

— Oh ! monsieur, supplia l’infortunée, ne me quittez pas encore ! En prison, moi, en prison !

L’énergie nerveuse qui s’était réveillée en elle à l’idée de revoir son mari n’existait plus ; elle devenait livide, semblait prête à se trouver mal. De sa petite main tremblante, elle cherchait la muraille pour s’y appuyer, répétant à travers les sanglots qui l’étouffaient :

— En prison, en prison !

Les gardiens eux-mêmes dissimulaient à peine leur émotion, et ils ne savaient que faire, quand, tout à coup, d’une porte qui se trouvait à gauche, dans le vestibule et au-dessus de laquelle était écrit en grosses lettres : « Quartier des femmes », une religieuse accourut pour soutenir Mlle de Tiessant.

C’était une sœur de l’ordre de Marie-Joseph. On ne songeait guère à cette époque à laïciser les hôpitaux ni les établissements pénitentiaires. Les braves filles de ce même ordre sont encore attachées aujourd’hui au service des prisons, mais pour combien de temps ?