Page:Restif de La Bretonne - Les Contemporaines, (Charpentier), tome 2, les Contemporaines du commun, 1884.djvu/124

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LA PERFIDE HORLOGÈRE



La province est souvent étonnée, en entendant parler des ruses et des noirceurs des femmes de Paris. Et plût à Dieu qu’on pût détruire ces bruits scandaleux, en les rangeant dans la classe des chimères ! Mais ils ne sont que trop bien fondés, et puisque nous ne pouvons pas en laver notre siècle et la capitale, effrayons du moins celles qui seraient tentées de se rendre coupables, en mettant sous leurs yeux les suites affreuses du crime de félonie, de trahison, d’oppression même envers le chef qu’ont donné aux femmes la nature et la loi.



Théodosie-Louise-Dorin, née de parents honnêtes dans la bourgeoisie, perdit son père de bonne heure, et demeura sous la conduite d’une mère qui l’aimait tendrement, sans être aveugle sur son compte. Elle était fille unique. Sa jeunesse évaporée avait quelquefois effrayé sa mère ; mais on la rassurait, en lui représentant que ces sortes de caractères devenaient plus rassis que d’autres. La mère cherchait à se le persuader, quand après un examen sérieux du caractère de sa fille, elle s’aperçut que ce n’était pas évaporation, mais penchant au libertinage. Dès l’âge de onze ans,