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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER

mouvement qui me déplaise, tu es mort. Le galant obéit, et sortit, conduit par l’époux ; tandis que la femme était encore évanouie. Elle revint à elle apparemment lorsque les deux hommes furent sortis, car elle sauta du lit en chemise, et alla se cacher dans celui de sa femme de chambre.

Cependant le mari conduisait le galant par le petit escalier : là, considérant que cet homme allait le dénoncer, dès qu’il serait libre, au lieu de le faire sortir, il le fit descendre par surprise dans un caveau, où il l’enferma. Ensuite il rentra chez sa femme. Il fut très fâché de ne pas la retrouver ! Il était important qu’il lui parlât néanmoins. Il la chercha partout sans la pouvoir découvrir. Il crut qu’elle était sortie de la maison. Il passa le reste de la nuit dans les alarmes, et, au jour, il resta dans son cabinet, où il se tint caché dans une armoire en boiserie, inconnue à tout le monde.

Dans la matinée, il vit d’abord entrer la femme de chambre, qui regarda curieusement partout. Elle alla ensuite chercher sa maîtresse, qui descendit en tremblant, et qui, au moindre bruit, poussait un cri de frayeur. Une heure après, il vit entrer le balancier et sa femme, que leur fille avait sans doute envoyé chercher, et il entendit ce qu’on se proposait de faire. On pilla la maison : ensuite, on enfonça la porte de son appartement, et on vint jusqu’à son cabinet, qu’on força. On fouilla partout, excepté dans la cachette introuvable où était le tessarigame. On ne trouva pas d’argent, ni de papiers d’affaires ; il avait eu soin de les enlever. Mais on trouva l’escalier dérobé, et sa femme dit : C’est par là qu’il sera venu. De là il fut aisé d’entendre les cris du prisonnier. On le délivra. Tout le monde s’éloigna ensuite, et, au bout d’une heure, M. Oui n’entendit plus rien. Il sortit de sa cachette, et il vit que tout était ouvert. Il examina s’il pouvait sortir par le jardin, et, n’y voyant personne, il s’échappa. Il avait toujours quelque déguisement : il se rendit au Marché aux chevaux,