LES HUIT PETITES MARCHANDES
DU BOULEVARD
I. LA PETITE MERCIÈRE
Il y avait sur les boulerards une jolie marchande,
qui portait avec elle dans une boite un petit assortiment
de cordons de montre, de tabatières, de fausses
perles, d’épingles à brillants, d’étuis, et d’autre me
nue mercerie. Elle était d’une très jolie figure, mais
de la plus petite taille. Tout le monde l’aimait, et on
se faisait un plaisir d’acheter de ses marchandises,
pour lui procurer quelque profit. En peu de temps,
elle fit bien ses affaires ; elle se mit proprement, et
comme elle était jolie, il lui arriva deux choses fort
naturelles : elle vendit plus que toutes les autres, et,
sa gentillesse lui donna des amants. Il suivit de là
que sa gentillesse, ses amants, et ses petits succès
dans le commerce excitèrent contre elle la jalousie de
ses camarades, qui résolurent de la décrier ou de la
battre. Le dernier était le plus facile, pour des femmes
de leur classe. Elles mirent de leur complot trois ou
quatre de ces pauvres israélites, qui vendent sur les
boulevards des cannes, de la bijouterie commune, des