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LES TROIS BELLES CHARCUTIÈRES



Un homme, très mal marié, devint amoureux d’une jeune fille de son voisinage, dont les grâces et le bon goût doublaient au moins les charmes. Elle se nommait Victoire P—not : il n’y eut jamais de femme plus attrayante, quoiqu’on pùt aisément en trouver une plus belle. C’était une grande blonde, à taille courte, et par conséquent ayant la démarche aisée ; ses cheveux étaient d’un agréable doré ; ses couleurs vives la faisaient paraître au milieu de ses compagnes comme une belle rose. Elle savait si bien choisir ce qui lui allait, qu’il n’y eut jamais de femme mieux mise, quoiqu’elle n’eût que des étoffes communes, surtout de la toile à petits carreaux rouges. Elle n’était pas d’une condition relevée ; elle était la fille d’une menuisière, veuve depuis longtemps.

Cette jolie fille fut recherchée en mariage par un charcutier, qui l’épousa. Son premier adorateur en fut au désespoir : mais il n’était pas libre : il dévora ses regrets, et se tut.

Deux ans après le mariage de sa maîtresse, il devint veuf. Nouveaux regrets de ce que l’aimable menuisière s’était mariée trop tôt. Mais elle avait une sœur cadette, qui, moins grande que sa sœur, moins brillante, était cependant très aimable. Elle avait copié le