Qui ? vous ?… Oh ! ce n’est pas Thélamir, je m’en retourne.
Un moment. Rosine, il ne sera point perdu. Comment, c’est vous qui cherchez Thélamir ? Pourquoi ne vient-il pas vous trouver ? Cela serait plus naturel ?
Oh ! c’est bien la même chose ; et puis Thélamir ne m’aime pas encore.
Vous le croyez ?
J’en suis sûre, parce que papa et maman me disent, que nous ne sommes pas assez grands pour nous aimer. Ce qui me console, c’est qu’ils assurent que cela ne tardera pas.
Ils ne seraient donc pas fâchés que vous aimassiez Thélamir ?
Pourquoi le seraient-ils ! Ne se sont-ils pas aimés, eux ? Ne s’aiment-ils pas encore, quoiqu’ils aient près de cent ans ?
Eh ! quel temps ont-ils fixé pour votre bonheur ?
Ah ! quel temps ? Un temps qui est encore bien loin ! J’ai dans mon petit jardin un rosier dont Thélamir m’a fait présent ; ils disent que nous ne nous aimerons que quand ce rosier portera des fleurs, et cela m’afflige un peu, car je suis bien pressée d’aimer Thélamir !