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L’AMOUR ET LA FOLIE

ROSINE, rentrant sur la scène.

Qui ? vous ?… Oh ! ce n’est pas Thélamir, je m’en retourne.

L’AMOUR, la retenant.

Un moment. Rosine, il ne sera point perdu. Comment, c’est vous qui cherchez Thélamir ? Pourquoi ne vient-il pas vous trouver ? Cela serait plus naturel ?

ROSINE

Oh ! c’est bien la même chose ; et puis Thélamir ne m’aime pas encore.

L’AMOUR

Vous le croyez ?

ROSINE

J’en suis sûre, parce que papa et maman me disent, que nous ne sommes pas assez grands pour nous aimer. Ce qui me console, c’est qu’ils assurent que cela ne tardera pas.

L’AMOUR

Ils ne seraient donc pas fâchés que vous aimassiez Thélamir ?

ROSINE

Pourquoi le seraient-ils ! Ne se sont-ils pas aimés, eux ? Ne s’aiment-ils pas encore, quoiqu’ils aient près de cent ans ?

L’AMOUR

Eh ! quel temps ont-ils fixé pour votre bonheur ?

ROSINE

Ah ! quel temps ? Un temps qui est encore bien loin ! J’ai dans mon petit jardin un rosier dont Thélamir m’a fait présent ; ils disent que nous ne nous aimerons que quand ce rosier portera des fleurs, et cela m’afflige un peu, car je suis bien pressée d’aimer Thélamir !