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L’AMOUR ET LA FOLIE

et d’Antoinette[1] que j’ai cru devoir lui donner cette marque de la bonne intelligence avec laquelle je désire que nous vivions désormais. Adieu, mes sœurs, je vais à mon temple recevoir les hommages que vous me ferez mériter. Vous, cependant, parcourez cette île et que ses heureux habitants ressentent, à votre aspect, toute la joie que doit inspirer un si beau jour.



Scène IX

AGLAE, EUPHROSINE, THALIE
AGLAE

Comme il est devenu raisonnable, je ne le reconnais plus ! Je ne sais pourquoi la Folie nous fait entrer dans le projet de lui faire reprendre son bandeau ?

EUPHROSINE

Son empire n’est-il pas assez vaste ? A-t-elle besoin de partager celui de l’Amour ? En vérité, je ne saurais partager ses complots ! Le trait serait d’une noirceur, d’une cruauté…

THALIE

Mes sœurs, croyez-moi, ménageons cette déesse ; nous avons quelquefois besoin d’elle, je puis le dire entre nous, gardons-nous de l’irriter ; c’est nous qui la gouvernons, elle pourrait bien nous gouverner à son tour. Celle qui a pu triompher de l’Amour pourrait bien triompher des Grâces.

  1. Cette louange adroitement donnée, au couple le plus auguste, le mieux uni, le plus exemplaire et le plus heureux du royaume, frappa tous les spectateurs et fut vivement applaudi. Je pressai tendrement la main de Sara, en lui disant à l’oreille : Voilà un trait charmant ! et ce qui en fait le principal mérite, c’est qu’il est vrai. » Elle sourit, et fut belle comme la rose. (R.)