pour Élise ? Elle me rendrait heureux. Et moi, que puis-je pour
son bonheur ?… Rien, rien absolument… à moins qu’elle ne
voulût s’assujettir au travail le plus continu… Mais alors, pourquoi
attacher son sort à celui d’un presque vieillard ? N’aurait-elle
pas mille fois plus d’avantages à prendre un jeune homme
d’une condition médiocre, fort au-dessous de la sienne, mais
laborieux, économe ?… Oui, c’est à ce parti qu’il faut s’arrêter.
Ne songeons plus ni à M. de Blémont ni à ses pareils. Je vais le
remercier au nom d’Elise et de son contentement. »
Il alla sur-le-champ exposer à la jeune personne ses nouvelles vues, qu’il lui détailla, sans omettre ses réflexions sur lui-même. « Oui, lui dit Elise, remerciez M. de Blémont ; il le faut, et je vous en prie ; mais abandonnez vos autres projets à mon égard.[1] Je ne veux pas du parti que vous trouveriez pour moi ; ma mère, d’ailleurs, ne goûterait pas un établissement de ce genre, quand je serais disposée à m’y prêter. Mais il en est un autre, auquel vous paraissez ne pas faire assez d’attention et qui me plairait davantage, que j’aurais préféré même à M. de Blémont. — Eh ! quel est-il, belle Elise ? — Je vous le dirai ; ne me parlez plus de rien : dans peu, l’occasion se présentera de vous ouvrir mon cœur. Tout ce que je puis vous dire en ce moment, c’est que votre société est le seul genre de bonheur que je désire. Ne m’objectez ni votre âge, ni autre chose ; vous avez fait naître dans mon cœur des sentiments d’attachement et de confiance, que je préfère à tous les autres, quels qu’ils soient. Pourquoi admettre un tiers dans notre familiarité ? Nous pouvons nous suffire ; je travaillerai ; je me plairai à répandre quelque agrément sur vos jours ; quittez tout autre dessein. Nous sommes dans la
- ↑ Le lecteur est prié d’observer ici, que le Quarantecinquantenaire représente
Elise, comme il voyait Sara, dans le temps où il composait sa Nouvelle épisodique.
On ne pouvait mieux réussir à peindre la force et la bonne foi de son
attachement.
(R.)
laisse l’empire, ni même l’égalité. Je suis l’homme du monde qui honore le plus les femmes ; je les chéris ; je les adore ; et c’est par cette raison, que je leur répète sans cesse : Soyez subordonnées.