Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/116

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laid comme une femme crottée : « J’ai vu, hier, une femme en talons larges et plats. Je l’aurais battue, si je pouvais battre une femme. Elle était crottée comme un barbet… Nos ayeules parisiennes adoptèrent, jadis, les talons élevés, par goût pour la propreté. Elles étaient plus sages que leurs petites-filles… »

Ne va-t-il pas jusqu’à souhaiter que la police s’en mêle et ordonne « que toute dame qui rapprochera son vêtir de celui des hommes soit traitée en catin par le guet et les commissaires[1] » ! Il prétend que les grisettes seules, ayant conservé l’ancienne mode, sont restées appétissantes[2].

Voici une phrase qui semble dédiée aux amis de la peinture par les mots. Nous la donnons pour la curiosité des expressions : « Si nos femmes actuelles semblent avoir pris à tâche de s’hommifier, nos fats, nos infâmes petits-maîtres pointus, pour compléter le mal, semblent avoir pris à tâche de se femmifier. Ils ont, autant qu’ils ont pu, rapproché leurs habits de la lévite des femmes ; et, tandis que celles-ci se chaussent à plat, en bas de couleur qui, le noir excepté, leur vont toujours si mal, se pataudent et s’hommassent d’une manière horripilante, par la suppression de ces talons délicats qui les sylphisaient, nos farauds, de leur côté, profanent la chaussure féminine en se faisant faire des souliers, des bottes pointues[3]… »

  1. Nuits de Paris, p. 1837.
  2. Ibid., p. 248.
  3. Monsieur Nicolas, 1re édit., p. 4774.