« La préoccupation constante des philosophes d’améliorer le sort des ouvriers, d’augmenter leur bien-être, leur salaire, doit fatalement amener la suppression du travail. Ils ressemblent « aux estomacs que trop de nourriture engorge et rend paresseux[1] ». Si le prix de la journée est doublé, qu’arrive-t-il ? La populace qui, « semblable aux hordes sauvages, ne voit que le présent », se dispense de l’atelier trois jours sur six, passe les trois autres à se débaucher, à faire des dettes et à prendre des habitudes de paresse. Les femmes d’ouvriers s’en aperçoivent à leurs dépens, les entrepreneurs sont ruinés par la cherté de la main-d’œuvre, et l’étranger en profite[2]. »
Sur ce dernier point, Restif avait une idée étrange ; il disait que, s’il était de l’Assemblée nationale, il ferait une motion consistant à déclarer tous les ouvriers « propriété nationale » et, comme tels, obligés à travailler pour eux-mêmes et pour leurs familles[3] : « Ce serait le vrai moyen de faire refleurir le commerce. »
On reconnaît là sa tendance à rattacher toutes les professions au pouvoir central. Les journalistes, ces « poux de la littérature », devraient, à son avis, être l’objet d’une semblable mesure : « Fonction qui devrais être un sacerdoce sacré, pourquoi donc es-tu avilie et devenue la plus basse partie de la littérature ?… Je propose de faire, du journalisme,