Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/161

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mes[1] : cela vient de l’ébranlement agréable d’organes que j’eus la première fois. Je priai la mère de Sara de me permettre d’y conduire sa fille, ce qu’elle m’accorda. Nous n’entendîmes qu’un couplet. Sara me pria de la conduire chés les demoiselles Amé[2], ses anciennes maîtresses, que je vis pour la première fois : l’aisance de Sara contrastait avec la contrainte de ces filles ; j’observais qu’elle en était traitée avec respect, ce qui augmenta mon attachement pour elle. Je supposai à ma Sara mille vertus : c’était une erreur, mais qu’elle fut douce ! En revenant, je vis un signe de coquetterie dans Sara : elle sourit à un jeune homme du voisinage et me quitta le bras en disant que cela ferait parler.

50. 18 ap. Mercurii, felix Elise.

51. 19 ap. Dumont venit et malè receptus. (Le 19 Avril, Dumont congédié.) Je n’ai jamais conçu les motifs de Sara pour congédier un homme aussi riche. J’ignore si c’était son fisiq ; cet homme mangeait beaucoup à dîner, ce qui donnait, à son gros individu, l’air crapuleus ; sa bouche avait toujours l’odeur de l’échaudoir des tripières ; sa manie de prendre du tabac

  1. Voir les Nuits de Paris : « Je n’ai manqué L'O filii qu’en 1787. Je m’y suis encore attendri en 1788. »
  2. Raccommodeuses de dentelles. — Outre ces détails, on voit, dans Monsieur Nicolas, la fureur de la Debée mère, après la retraite de Butel-Dumont ; elle s’efforce d’amener une rupture avec M. Nicolas. Sara redouble d’attentions, converse avec lui au moyen de coups frappés au plancher ; chante pour lui être agréable, son air favori : « 0 ma tendre musette… » en s’accompagnant de la harpe ou de la guitare. Cependant, elle commence à sortir avec sa mère pour « faire une connaissance ». M. Nicolas s’en aperçoit et refuse de les accompagner. Sara le lui reproche.