Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/186

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val[1]. La maladie augmentant[2], elle devenait dangereuse : la mère m’en avertit. Je sentis un mouvement de tendresse inexprimable pour l’infidelle ; il me sembla que, si elle mourait, l’univers ne serait plus qu’une solitude pour moi. Je l’aimais encore ; il falait de grands coups pour me détacher. Je pleurai, en alant chés le docteur, mais je rapportai de bonnes nouvelles : Sara en fut si contente, qu’en souppant avec elle, son ancienne confiance reparut avec tous ses charmes. Mais cela ne dura qu’un jour. Je la menai, le lendemain, chés le docteur, qui lui confirma ce qu’il m’avait dit, et prescrivit les remèdes. Sara ne craignit plus la mort, et reprit sa froideur. On observera que je ne lui demandais plus ses faveurs : je la payais, cependant, et… mais on va voir sa conduite.
133. 26 9bris Lavalette ad portam. (Lavalette à la porte.) Ceci n’est pas clair, et ne présente pas un sens clair : le lundi 26 novembre, je soupais avec Sara, à laquelle j’avais apporté sa médecine, quand on frappa ; elle me dit de ne pas répondre. Nous continuâmes à souper. On frappa de nouveau. Je me levai et j’alais

  1. Guillebert de Préval, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, ami intime de Restif. Il recevait chez lui des littérateurs et des artistes. Restif s’était lié avec lui à propos d’un article de son roman le Ménage parisien. Il y attaquait l’ « Académie des sots » (la Faculté de médecine). Il a composé son épitaphe dans les Nuits de Paris : « Ci-gît le docteur Guillebert de Préval, qui a guéri soixante mille personnes, de 1772 à 1788. Né en 1716, il cessa de vivre le 1er  octobre 1788. »
  2. D’après Monsieur Nicolas, la jaunisse de Sara fut causée par sa fureur concentrée, au café Caussin.