Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/287

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Vengez-moi ! Vengez la nature outragée ! Les droits sacrés du mariage sont convertis en débauche, en infamies dignes des Caracalla, des Néron, des Commode, des Héliogabale ! Et c’est le monstre qui a commis ces atrocités, qui me dénonce ! C’est ce monstre qui attire, au père de l’offensée, le mandat infamant d’un inspecteur de police "qui lui commande de passer chés lui !…
Je n’y ai pas été, Monsieur ! Non, je n’y ai pas été ! Tout magistrat que vous êtes, vous n’avez pas le droit de me faire venir chés un inspecteur de police, au désir d’un gendre. C’est blesser le droit naturel ; c’est attenter à la majesté paternelle ! Jamais je ne céderai à de pareils ordres ! Punissez donc le monstre qui vous a fait commettre une faute aussi


    cachée dans une maison qu’Augé finit par découvrir. Restif le chassa. Le monstre présenta alors un mémoire au magistrat des mœurs. Les mobiles de sa conduite étaient : 1° de déshonorer son beau-père ; 2° d’en obtenir de l’argent ; 3° de reprendre sa femme afin de la rouer de coups après l’avoir contagiée ou fait contagier (sic). Augé ne devait pas être un scélérat ordinaire, surtout si l’on s’en rapporte à ce que Restif dit de lui dans la Femme infidèle et dans Ingénue Saxancour. Ce dernier ouvrage contient les détails les plus cyniques sur ses relations avec sa femme ; toutefois, il ne faudrait pas les prendre trop à la lettre, car, de l’aveu même de Restif, l’histoire d’Agnès aurait été amalgamée avec celle d’une dame Laruelle (v. la note 5 de la p. 207). Nous croyons cependant que la peinture de ses passions sadiques n’est point exagérée : « Il n’a aucun plaisir, lorsqu’il ne voit pas gémir une victime de sa barbarie. Il violait ses épouses ou ses maîtresses et il ne goûtait sa détestable volupté qu’autant que sa victime était dans les angoisses et versait des larmes. » (V. Ingénue Saxancour, t. III, p. 30 et 35.) Cette triste histoire a été rédigée par Restif et non par sa fille Agnès, comme le donne à supposer M. Paul Lacroix. La comparaison avec notre texte ne laisse aucun doute à cet égard.