Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/294

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un prêtre, parent de l’infâme Augé, qui a dit que je commettais une voie de fait en voulant retenir la lettre de ma fille. J’étais indigné : ma fille est arrivée, elle a parlé avec la plus grande force. Augé a plié devant elle. Je me suis mis en fureur. Nous sommes sortis avec M. Legrand. Je suis ensuite revenu, et la fausse lettre, invencion abominable d’Augé pour m’empêcher de poursuivre son infâme action d’avoir battu Marianne, a été brûlée avec le ruban[1]. Je suis revenu. J’ai parlé à la Bizet. Je l’ai dissuadée de la lettre. Elle a parlé d’Augé comme il le méritait. Je la ferai aler chés M. Legrand. De retour chés moi, je me suis attendri. J’ai versé des larmes dans les bras de mes deux filles, et nous nous sommes tous un peu consolés mutuellement. Elles font, ce soir, une lettre modelée sur la fausse, pour en faire l’usage qui conviendra. Je n’ai rien fait, ces deux jours-ci.

602. 21 Xbre - Ce matin, relu les lettres de ma femme à mes ennemis, pour ïlnfidelle. Le petit Augé[2] est venu. Je vais dîner chés le prévôt des Marchands. Lu l’épreuve C. c. Infidelle. M. Le Grand m’a révélé un abus de con-

  1. Augé accusait sa femme d’avoir envoyé à Blérie un ruban de serre-tête avec une lettre trouvée, disait-il, dans la rue, par un de ses amis. Il avait écrit à Agnès pour l’engager à réintégrer le domicile conjugal et à lui pardonner ses torts, en lui promettant la réciproque. Quant au ruban, il se proposait « d’en faire sa plus belle parure de nuit ». Elle lui répondit qu’à la cohabitation elle préférait la mort. (La femme infidèle.) La lettre d’Agnès à Blérie était une invention machiavélique d’Augé, qui jouait la jalousie.
  2. Le fils d’Augé et d’Agnès Restif. Il avait quatre ans. Depuis qu’Augé connaissait le surnom que lui avait donné son beau-père, il n’appelait plus son fils que le petit l’Échiné.