Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’honneur de l’actrice qui venait de mourir et qui, dès son enfance, lui avait témoigné de l’amitié.

Ce souper eut un incroyable retentissement : il fit enlever, en peu de temps, trois éditions des Réflexions philosophiques sur le plaisir, par un célibataire. Le Roi désira voir un spécimen des lettres d’invitation, et le comte d’Artois voulut, dit-on, y assister incognito. D’ailleurs, La Reynière avait lancé trois cents invitations pour satisfaire les curieux admis dans une galerie régnant autour de la salle.

Restif, qui n’avait pas été des dix-sept convives[1], prit part au second festin, le jeudi 9 mars 1786, et non en février 1784, comme il est dit dans Monsieur Nicolas. Ce fut une imitation de la Cène des Romains. Le maître des cérémonies n’avait annoncé qu’un plat : on en servit vingt-huit. Le repas avait été précédé d’expériences électriques et d’un spectacle d’ombres chinoises.

Une estampe des Nuits de Paris représente Restif attablé entre Mercier et l’un des frères Trudaine. M. Monselet s’étonne, dans ses Originaux du siècle dernier, de le voir, « par une particularité au moins incongrue », assis, la tête couverte de son chapeau. Il suffit de se reporter à la lettre d’invitation[2] pour apprendre que Restif était enrhumé, ce jour-là,

  1. Ce repas, dit-il dans Monsieur Nicolas, avait précédé d’un mois sa connaissance avec La Reynière (t. XI, p. 68). Raison inadmissible ; on verra, par la comparaison des dates ci-dessus, qu’il le connaissait depuis trois- mois.
  2. V. cette lettre dans les Contemporaines, 2e édition, t. XIX.