Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/68

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en 1792 et, avec elles, les désagréments : « Il faut, en finissant, que j’apprenne à mes concitoyens, qui viennent d’entendre beaucoup parler de mes dates sur l’île, qu’elles ont manqué récemment de me causer la mort ! Les enfans du peuple insulaire, instruits par un ennemi, m’ont insulté à coups de pierres et par des injures atroces, le samedi 3 novembre et lundi 5, 1792. J’ai résolu d’y mettre ordre. Ces tigres s’élèvent apparemment au massacre, et je réclame le secours de tous leurs concitoyens. J’ai écrit à leur commandant. »

La dénonciation d’Augé, qui l’avait fait arrêter le 14 juillet 1789, avait failli le dé- goûter à jamais de sa promenade : il raconte l’affaire dans la Semaine nocturne[1].

Au moment où il rentrait en son domicile par le pont de la Tournelle, un homme le força d’entrer au corps de garde situé à cet endroit. Là, il apprit qu’il était arrêté comme espion du Roi : « Ma foi, dit-il, je suis l’espion du vice, mais non celui du Roi ; je n’ai jamais eu l’honneur d’être en relation directe avec le chef de la Nation. » C’en était fait de lui si on l’eût conduit à l’Hôtel de ville, où le « monstre dénonciateur » le faisait accrocher infailliblement au fatal réverbère. Ce jour-là, d’ailleurs « on n’examinait rien ».

Mais Augé comptait sans les amies de son beau-père. Une jolie brune, Mlle  Froment[2], avait observé la scène. Elle s’approche et

  1. Pages 72 à 76.
  2. V. la note 2 de la page 229.