Restif devait avoir d’autres amis qu’il ne soupçonnait guère. Quelques-uns portent des noms illustres : Schiller, Gœthe, Humboldt, Lavater.
Le premier écrivait à Gœthe, le 2 janvier 1798 : «…Avez-vous lu, par hasard, ce singulier ouvrage de Restif : Le Cœur humain dévoilé ? En avez-vous du moins entendu parler ? Je viens de lire tout ce qui en a paru, et malgré les platitudes et les choses révoltantes que contient ce livre, il m’a beaucoup amusé. Je n’ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle. Il est impossible de ne pas s’intéresser à la quantité de personnages, de femmes surtout, qu’on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent, d’une manière si vivante, les mœurs et les allures des Français. J’ai si rarement l’occasion de puiser quelque chose en dehors de moi, et d’étudier les hommes dans la vie réelle, qu’un pareil livre me paraît inappréciable[1]… »
« Gœthe[2], lui aussi, prisait fort Monsieur Nicolas et désirait connaître l’auteur. C’est, du moins, ce que Schiller avait mandé à Guillaume de Humboldt, qui se trouvait alors à Paris. Le 21 septembre 1798, Schiller écrivait à Gcethe que Humboldt connaissait la personne de Restif, mais non ses ouvrages. Quelques mois plus tard, dans une lettre datée de Paris,