Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passionnés, lui faire mille gâteries et user de persévérance. Le succès est sûr, parce que la résistance est impossible : « Aucune femme, attaquée par un homme sensible, tel que je le fus, n’est coupable, parce que la séduction est au-dessus de ses forces naturelles[1]. »


Toutefois, sa sincérité même gâte un peu le tableau : il savait être « impérieux », surtout avec les filles sans expérience, et profiter des secrets qu’il apprenait sur le compte de ses victimes, auxquelles il promettait la discrétion en échange de leur bon vouloir. Ses procédés manquaient donc souvent de délicatesse[2].

Une de ses singularités est de venir, après des confidences de ce genre, révéler des accès de platonisme inattendus : il raconte avoir logé plusieurs mois, dans sa chambre, une jeune ouvrière, Jeannette Demailly, en prenant toutes les précautions voulues pour ne pas exposer l’innocence de la jeune fille. Une autre fois, songeant à se faire prêtre, il propose à une jolie Dijonnaise de l’engager comme gouvernante et de vivre tous deux comme frère et sœur. Il avait déjà fait à Marie Jehannin et à Yonne Bellecour[3] des propositions semblables. L’idée du sacerdoce ne se présentait jamais à son esprit sans celle d’une compagne.

Quand, par hasard, une femme lui résiste, il s’en réjouit comme d’un véritable bonheur[4] : « J’en atteste l’Être suprême, je ne le voulais

  1. Monsieur Nicolas, t. V, p. 34.
  2. Ibid., t. IV, p. 188.
  3. Ibid., t. IX, p. 44.
  4. Ibid., t. X, p. 41, à la note.