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1746 — MONSIEUR NICOLAS

seul que ce garçon pût corrompre ; que mon père était fâché de me voir prendre une écriture désagréable et peu lisible, on résolut d’accomplir un projet formé depuis mon retour de Joux, de me mettre sous la conduite de l’abbé Thomas, alors maître des enfants de chœur à Bicêtre. On crut, par ce moyen, tout concilier. Mais, hélas ! on apprit, par une funeste expérience, qu’il faut tuer la bête venimeuse et le chien enragé, dont la bouche distille le venin. Une des filles de la maison de mon père, jeune, innocente et jolie, était tout à la fois d’une hardiesse et d’une naïveté qui contrastaient parfaitement avec mon caractère. Ce fut elle que Courtcou attaqua, mais, avec toute la ruse et toute la finesse dont il était capable ; il l’attirait dans les endroits où il pouvait être seul avec elle ; il lui faisait des caresses obscènes, en cherchant ce qui pouvait exciter en elle une sensation agréable. Il découvrit ce qui lui plaisait, et, de ce moment, il eut d’elle tout ce que son extrême jeunesse lui permettait de donner. On les surprit enfin ; ma mère, au désespoir d’avoir exposé ses enfants, fit renvoyer Courtcou un samedi. Germain garda lui-même les brebis le dimanche, tandis que Simon Droin, son camarade, alla chez ma tante Merrat, d’Accolay, chercher un autre berger, qui fût un bon sujet. Ma tante lui donna un jeune garçon, nommé Larivière, qui n’avait ni les défauts ni les quaUtés de Courtcou.

Le 28 Auguste, veille de la fête patronale de Sacy,