Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
1746 — MONSIEUR NICOLAS

fils Isaac, mais l’Ange lui retint le bras. — Qu’avez-vous remarqué dans la conduite des fils envers leurs pères, dans la Bible ? — Que tous les bons fils, comme Isaac, Jacob, Joseph, respectaient leurs pères, comme mon père respecte son père Pierre Restif, et que tous les mauvais fils, comme Cham, Esaû, et quasi tous les fils de Jacob, ne respectent pas leurs pères, et leur donnent du chagrin. — C’est fort bien ! Qu’avez-vous remarqué ensuite ? — Moïse, le buisson ardent, où Dieu lui parla, et où il se donna son vrai nom, dit mon père ; les plaies d’Égypte, et comme Pharaon était méchant : aussi, c’est que Dieu endurcissait son cœur ; et comme les Israélites passèrent la Mer Rouge ; et comme ils mangèrent la manne dans le désert ; et comme ils firent un veau d’or, et comme Dieu les punit. — Vous avez une excellente mémoire ! et vous seriez inexcusable de ne pas en profiter ! Qu’espérez-vous devenir ? Quel état voudriez-vous, à portée des facultés de vos parents ? » La question était au-dessus de ma sphère ; je connaissais très peu d’états : celui de laboureur, ou de vigneron, ou de curé, ou de maître d’école, ou de chirurgien ; c’était tout à peu près ; car les autres états, comme notaire, juge, procureur, n’étaient point des états à Sacy ; ils étaient exercés par des laboureurs (idée juste, et malheureusement fausse pour les villes). Je répondis, que je ne savais pas ; mais que j’aimerais bien à être berger. J. Restif sourit. Il me parla des états exclusifs des villes, et