Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/96

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la raison, ne tardèrent pas à me venir (tous deux accélérés par l’amour), et je travaillai de moi-même.

La méthode prescrite par l’aîné de mes frères était excellente ! Lorsque je sus les principes, me voyant de l’intelligence, ils m’obligèrent à composer moi-même le Français de mes thèmes, en adaptant chaque phrase aux règles de ma syntaxe, qu’ils me faisaient suivre pas à pas. Je les réalisais tour à tour, suivant l’ordre où elles étaient dans mon Rudiment de Valard, en les faisant entrer dans les phrases. Il est aisé de sentir combien cette manière devait me former le jugement ! On me donna l’Histoire ancienne de Rollin pour lecture ; souvent j’en mettais en Latin dix pages, dans une seule matinée. J’expliquai les Selectæ ; ensuite l’Appendix de Diis, du P. Jouvency, que je trouvai très difficile ; mais la curiosité qu’il excitait, sur des objets absolument neufs pour moi, me faisait dévorer les difficultés : je devinais, lorsque je n’entendais pas. Je vis ensuite les Églogues de Virgile. Je me souviens que ne comprenant rien à la seconde églogue, j’en demandai l’explication à l’abbé Thomas, qui me la donna d’une manière innocente, ajoutant que les poètes se servaient ainsi d’expressions ampoulées. Cependant cette églogue me déplut : je ne trouvais rien dans mon cœur, qui m’en donnât la clé. J’expliquai ensuite les Fables de Phèdre. L’abbé Thomas en avait un exemplaire Latin-Français, qu’il tenait soigneusement renfermé. Il me lisait aujourd’hui une fable Latine à traduire,