Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/102

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première communion. Nous allâmes à l’école. J’y fus d’une sagesse exemplaire, moi qui étais un peu remuant. Maître Jacques le remarqua, et me dit en riant : « Qu’avez-vous, Monsieu’ Nicolas ? — Sept ans aujourd’hui, Monsieu’ l’Maître ; et voilà que je vais pécher et offenser Dieu ! Je voudrais bien m’en pouvoir empêcher. — C’est facile, vous n’avez qu’à toujours ben remplir vote devoir. » Cette réponse vague me satisfit ; et c’est, je crois, la seule bonne que m’ait faite Maître Jacques.

La classe finie, nous sortîmes. Je n’envisageai plus que l’avantage d’avoir sept ans, d’avoir cessé d’être un enfant sans raison ; car j’attribuais à mon nouvel âge une vertu réelle. Dans mon enthousiasme, je devins poète : je pris la main de M’lo et celle d’un autre camarade son cousin, appelé Etienne Dumont, plus âgé de deux mois, et nous chantâmes mes premiers vers :

Ta-la-la, mes enfants !
Nous avons nos sept ans !

J’allai porter cette nouvelle a mes sœurs : elles furent surprises de l’excès de ma joie, n’en devinant pas la cause, qui n’était que le désir de grandir et d’être un homme. Mon père et ma mère furent plus pénétrants : ils s’informèrent de la manière dont on m’avait appris mon âge, et ils en profitèrent pour me donner des instructions, qui furent écoutées d’un air tout à fait raisonnable. J’entendis qu’ils n’approuvaient pas entièrement ce que la mère Bérault m’a-