Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/116

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La correction non méritée que m’avait faite maître Jacques, trois ou quatre années auparavant, avait déterminé mon père et ma mère à me mettre en pension à Vermenton, chez ma sœur Anne : le danger que je venais de courir, et qui les effraya d’autant plus, qu’un garçon était tombé sous la glace en me voulant imiter, les décida, pour la seconde fois, à me placer chez ma sœur marraine. Une autre raison qui les y porta, c’est que mon frère-parrain venait d’être nommé vicaire à Vermenton. Ils ne connaissaient guère les élèves des prêtres Jansénistes, que l’esprit de parti empêche de jamais rien faire pour leurs parents charnels.

1745 Cette résolution, prise le 6 Décembre, ne s’exécuta que le 29 Juin, saison où l’école cesse à Sacy, pour ne reprendre qu’après les vendanges… Il y avait, ce jour-là, un pèlerinage, dont le terme était une chapelle prés de Crevan, nommée la Vierge-d’Harbeaux. Cette chapelle a une fontaine, qui outre la propriété de désaltérer, en a d’autres encore, que je ne détaillerai pas ; mais elle a souvent rendu les filles fécondes… Comme on avait remarqué en moi une extrême répugnance à quitter ma patrie, attaché comme je l’étais à mon bélier, que j’avais élevé, aux abeilles que je soignais, etc., on usa de finesse : on proposa le pèlerinage d’Harbeaux avec ma sœur Margot, qui eut ordre de me laisser à Vermenton, au retour. Je vis donc la chapelle ; je bus de l’eau, que je trouvai excellente, car j’avais soif ; je mangeai des cerises, que j’aimais passionnément, et