Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/209

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que oui, monsieur Nicolas ! Je sais des histoires, et de bonnes encore ! J’en sais de sorciers, de revenants, de pactes avec le diable, d’excommuniés changés en bêtes et recouverts de la peau du diable, qui mangent le monde ; de voleurs qui tuent et qui portent dans leurs cavernes des filles qu’ils violent, et puis les égorgent et les mangent quand le commencement de la grossesse rend leur chair plus tendre[1], des histoires de pâtres sorciers ; d’un homme qui s’était fait des ailes et qui volait comme une bondrée[2], qui ne vivait que de pain blanc qu’il enlevait sur la boutique des boulangers des villes, de gibier qu’il prenait dans les campagnes, et d’oiseaux, comme d’oies sauvages, de canards, de bécasses, de vanneaux, d’étourneaux, de perdrix, de corneilles, dont il faisait de bonne soupe, ou bien de poules qu’il prenait dans les villages. Voyez ce que vous voulez que je vous conte ?… »

J’étais fort embarrassé ! Tout ce qu’il venait de dénombrer me tentait également. Enfin, après une courte réflexion, parce que c’était autant de temps perdu, je me déclarai pour l’Homme volant, dont le conte ferait ici une longue histoire, si je n’en avais pas composé celle du Victorin de la Découverte Australe, telle à peu prés que me la raconta François, surnommé Grêlot.

  1. On fait saillir les vaches pour les engraisser.
  2. Un autour.