Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/219

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à chaque mot, le frère et la sœur expliquaient ces défauts, et les métamorphosaient en vertus… Bénis soient les fils qui voient tout en bien dans leur père !

Après le dîner, tous nos parents des deux sexes vinrent pour voir mon père, l’unique rejeton d’un nom respecté ; car chacun prétendait l’avoir pour le goûter ou le souper, en même temps que ma tante nous voulait retenir. Ce fut alors qu’arrivèrent Edmée Boissard, Ursule Simon, Catin Doré, Georgette Lemoine, Catiche Tous les jours, Dodiche Gautherin, Ursule Lamas, et d’autres jeunes filles de ma famille, les plus aimables du pays. Elles m’emmenèrent dans leurs courtils (jardins), pour me donner des bouquets, tandis que les pères et les mères causaient avec mon père, ma tante et mes oncles. Je donnais une préférence marquée à la jolie Boissard. Ursule Simon me dit en riant : — « Petit cousinn, je vous suis plus proche qu’Edmée, et je porte un nom qui, après le vôtre, est le plus respecté dans Nitry ; c’est le nom de votre grand’mère… — Ô ma cousine ! » lui répondis-je, croyez que je vous considère autant qu’Edmée Boissard ; mais c’est que je ne saurais m’empêcher de vouloir être auprès d’elle. » Ursule Simon embrassa Edmée, en lui disant : — « Tu vois bienn que tu es la plus jolie ! » Et à moi ; — « Vous êtes, comme ma mère dit quelquefois qu’était votre père à votre âge, clairvoyant, franc et bon. Vous avez raison : Edmée est la plus jolie fille du pays, et si j’étais garçon, je la préférerais à Ursule