Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/229

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quelle on voulait que je m’appliquasse à la maison[1]. Le premier conte que me fit Courtcou, m’avait été plusieurs fois raconté par ma mère, mais infiniment plus court, plus simple, sans les obscénités nombreuses que j’ai voilées, en l’insérant dans le Nouvel Abeilard, sous son titre du Demi-poulet. Le second, également amplifié par Pierre, et dont j’ai remplacé les obscénités par des traits analogues, est dans le même ouvrage, où il a pour titre : Les quatre Belles et les quatre Bêtes. C’est dans celui-ci que Courtcou se donna carrière, pour se livrer aux détails de la plus savoureuse lubricité. Aussi se moquait-il des deux versions honnêtes et naïves de ma mère.

Le troisième était intitulé :

CONTRE LE DIABLE
IL N’EST QUE D’ÊTRE HARDI.

« Un Gentilhomme, qui revenait des guerres de Terre

  1. J’écrivais mal ; car je commençais dès lors à prendre cette écriture expéditive, dont les lettres confuses ressemblent aux ligatures Grecques. Notre écriture tient à notre caractère : celle de mon père, dont les passions furent toujours réglées, et qui avait travaillé chez un avocat, était une belle bâtarde, lisible comme un livre et très serrée, quoique grosse ; celle de mon frère aîné est en pieds de mouches, parce qu’il faisait des notes de tout ce qu’il lisait ; la mienne se ressent du désordre de mes passions et de mon imagination chaude, vagabonde ; elle est irrégulière : les idées, se présentant en foule, pressent la plume et l’empêchent de former. C’est ce qui m’a toujours rendu ennemi des doubles lettres, inutiles dans tant de mots !