Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/37

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qu’elle manifestait assez votre bonne intention.

Vous êtes le plus puissant de mes protecteurs, cher Moi. En effet, lorsque vous avez voulu me servir, quel zèle ! quelle activité ! rien ne vous rebutait ; vous forciez toutes les barrières ! Avec quel art vous me conciliiez la bienveillance de mes semblables ! comme vous saviez me rendre intéressant ! Si vous ne réussissiez pas, c’est qu’il était impossible de réussir ; souvent d’un seul acte de volonté, vous m’avez procuré tous les biens, en réglant mes désirs : ce qui vaut cent fois mieux que toutes les jouissances.

Vous êtes le plus sage de mes conseillers. Quand ai-je commis une imprudence, sans que vous ne m’en eussiez averti, en me disant : « Je vais faire une sottise ! » Combien ne m’avez-vous pas crié : « Prenez garde ! » Tout ce que j’ai fait de bien, je l’ai fait parce que je vous ai écouté ; parce que je me suis recueilli avec vous. Tout ce que j’ai fait de mal, vient de ce que j’ai trop donné au hasard, et que je n’en ai pas assez délibéré avec vous, et votre plus intime amie, notre conscience, avec laquelle je vous brouille quelquefois.

Lors même que j’obligeais mes semblables, ne me disiez-vous pas : « Oblige d’une manière noble et généreuse ; il n’en coûte pas plus, et