Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trait, sans une raison importante. Est-on instruit par la nature, pour le physique de l’amour, à la fin de l’adolescence, ou seulement par ce qu’on a vu et entendu ? Je crois que la nature serait fort tardive, et qu’elle instruirait par les songes. Un seul mot suffit d’ailleurs, et les parents fussent-ils isolés à la campagne, sans domestiques, ce mot est toujours prononcé. Les éclaircissements étant inévitables, que fera-t-on ? Il faudra imiter la nature, qui donne les lumières avec les forces. — Mais si les lumières sont accidentellement données, doit-on parler aux enfants ? — Oui, pour les épouvanter par les inconvénients physiques. Un ami sage me préservera de la débauche, par l’effroi, entre vingt-un et vingt-cinq ans. Retarder la première explosion, avec la jeunesse, c’est tout gagner, parce que le danger consiste principalement dans le discord des forces avec les désirs prématurés… Pour retarder les lumières précoces, il faudrait que les parents de campagne éloignassent, comme autrefois, les enfants de leur table, quand il y aurait des étrangers ; qu’ils les occupassent sous leurs yeux aux travaux rustiques et à la garde des troupeaux ; ce qui n’est plus possible, qu’au Scioto. Quant aux parents des grandes villes, ils n’ont peut-être que la triste ressource d’instruire eux-mêmes, pour donner le contre-poison avec le venin[1]

  1. « Voici ce que j’ai vu à Paris : Un père veuf avait une fille unique et jolie, qu’il était forcé de faire élever hors de chez lui. Il découvrit que les discours de ses compagnes et