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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/15

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tions, sur mes lectures ? Je lui répondis que j’avais lu les Vies des Saints. — « Et en avez-vous retenu quelque chose ? » Sur-le-champ je citai les différents supplices par lesquels avaient passé les Martyrs qu’on honore durant l’année. — « Voilà une prodigieuse mémoire ! » disait M. Foynat à mon frère… « Et qu’avez-vous encore lu ? — La Bible, Monsieur le chapelain. — La Bible ? l’Abrégé de l’Ancien-Testament ? — La Bible, Monsieur le Chapelain, qui commence par la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, Josué, et puis les Juges, et puis Ruth, et puis Job, et puis Tobie, et puis Judith, et puis Esther, et puis les Psaumes, et puis les Livres sapientiaux, les Proverbes, la Sagesse, l’Ecclésiastique, l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques, et puis les Prophètes, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, et puis les Douze Petits Prophètes, Osée, Amos, Joël… — Il va les nommer ! s’écria le bon chapelain… « Et qu’avez-vous remarqué dans la Genèse ? — Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or, la terre était informe, aride et nue, et les ténèbres couvraient toute la surface de l’abîme, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. Or Dieu dit : Que la lumière soit faite ! Et la lumière fut… » Je récitai tout le premier chapitre. Mon frère en avait aux yeux des larmes de joie. Le bon chapelain paraissait extasié : — « Il a bien étudié ! » dit-il à mon frère ; « était-il sous Messire Foudriat ? — Lui ? sous personne que mon père ; il gardait les moutons… » À ce