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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/177

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Depuis le succès de mon audacieuse entreprise sur Marguerite Pâris, j’étais devenu libertin, mais sans avoir rien perdu de ma naïveté, je pourrais dire de mon innocence… J’étais encore franc, véridique, incapable d’une action basse ; mon seul vice, si c’en est un, était le désir effréné du plaisir par les femmes ; car tous les autres plaisirs me paraissaient insipides. Avant d’avoir vu Jeannette, j’avais déjà eu l’idée de la pluralité ; mais cette aimable fille l’avait fait disparaître, et ce goût ne revenait que par la force du tempérament non exercé, ou non satisfait ; si Jeannette avait été ma femme, et que je l’eusse calmé autant qu’il était nécessaire par la possession, je serais demeuré longtemps monogyne, mais tout cela n’étant pas, et Marguerite une fois surprise, fermant la porte aux occasions, mon imagination s’égarait ; ce n’était pas elle qui faisait fermenter les sens ; c’était la force de ceux-ci qui portait l’imagination à s’égarer. Aussi mon poème ne fut-il qu’une sorte de délire, en mauvaises rimes, avec tous les hiatus et sans césure. Il aurait pu s’intituler : Les Douze Mois ; ou mieux encore. Mes Douze Travaux. Il commence par la dernière division intitulée : Novembre, ou Madame Chevrier. Vient ensuite Octobre, en rétrogradant toujours, jusqu’à Janvier. Enfin je fis Décembre, et ce mois chéri fut un ouvrage d’un genre différent, pour la décence et le feu. Tous ces chants n’étaient pas longs : je mettais, pour chaque fille, l’histoire de mon choix, motivé sur ses charmes, que je détaillais, terminant par le tableau