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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/202

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

drit… comment m’as-tu quitté, pour me laisser seul et sans secours ?… Pourquoi ne te verrai-je plus, ô fille qui m’as rendu le bien pour le mal ?… Marguerite ! que ma langue desséchée s’attache à mon palais, si je prononce jamais ton nom sans le bénir… Adieu ! adieu, ô Marguerite ! que j’ai vue assise là, auprès de moi !… » (ici, je suffoquais) ; « je ne t’y verrai plus !… Mon pauvre cœur ! tu es accablé !… Mon pauvre cœur, je te sens défaillir… Ha ! qui me rendra mon amie ? qui me rendra la généreuse Marguerite ?… La pauvre infortunée ! jeune, elle a perdu son amant… aujourd’hui son amant la perd… Adieu… adieu, Marguerite !… perle de bonté, comme perle de nom !… adieu te dis : mais ne t’oublierai jamais ! »

Je ne pus manger mon halte ; j’avançais en chantant. Le soleil commençait à baisser ; car mon entretien avec Marguerite, sous la voûte Saint-Gervais, avait été long… J’aperçus, au haut du tertre qui domine le champ curial, mes deux camarades, qui venaient au devant de moi… J’en fus fâché ; j’avais encore tant de choses à me dire !… Ils m’abordèrent en me demandant comment j’avais laissé Sœur Marguerite ? — « Comme une bonne mère, fâchée de nous quitter. » Ils montèrent chacun sur un des ânes, comme des écoliers qui aiment à polissonner, et m’apprirent en faisant route, que nous aurions, pendant l’absence de la gouvernante, la sœur Pinon, cette jeune dévote destinée à remplacer une des maîtresses d’école. Huet vanta beau-