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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/224

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

deux hommes respectables, dont l’un était mon très honorable parent l’avocat Restif : ne jugez pas si vite ! Le curé de Courgis avait bien plus de déférence pour ses parents spirituels que pour ses parents charnels ; ce discours sage de son père eut peu d’effet, et l’on fit indirectement ce que l’on ne pouvait oser tout à fait. Les circonstances servirent la haine de mes frères… Mais où tout cela se termina-t-il ?… On ne tardera pas à le voir.

Nous étions parvenus au 22 Octobre. Je perdais mon temps ; mais je n’osais demander à quitter Courgis, où je voyais Jeannette. Je n’avais aucune nouvelle de Marguerite et je ne savais comment lui écrire ; d’ailleurs, depuis ma lettre renvoyée, j’avais horreur de mettre une lettre à la poste et tout m’effrayait. Ma position était infiniment désagréable, lorsqu’il arriva au bourg de Courgis un de ces accidents terribles qui font frémir ! Le 22 au matin, je sortis en déjeunant, pour aller au jardin promener mes déplaisirs. Dés que je fus dans la cour, j’aperçus au dessus de ma tête une colonne de fumée qui paraissait venir du côté de la porte de Chablis ; elle est au nord et c’était la bise qui soufflait. J’appelai mes camarades ; ils sortirent avec l’abbé Thomas. — « C’est un nuage, » dit Huet. — « C’est le feu ! » s’écrie l’abbé Thomas. Et il envoie MeUn à la découverte. Le polisson ne revint pas. J’y allai. Trois maisons étaient déjà embrasées et les toits de chaume, emportés par le vent, jetaient sur tout le bourg des gerbes de feu. J’accourus apporter cette triste nou-