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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/240

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

Nous étions absolument brouillés, mes frères et moi. Le curé ne me parlait plus ; l’abbé Thomas me traitait en étranger ; on pressait mon père de me reprendre. Je le désirais peut-être… je n’y contribuai cependant en rien par mes demandes… Hélas ! dans ma position cruelle, pour quitter ceux qui me haïssaient, et que je n’aimais pas, il fallait m’éloigner de Jeannette !… Mais mon âme était flétrie ; je n’osais plus depuis longtemps regarder à l’église celle que j’adorais ; tous mes mouvements étaient observés, interprétés : j’étais dans un état de mort. Plus de progrés, plus de succès qui flattassent mon triste cœur, de l’espoir de la mériter ; Monsieur Nicolas n’était plus qu’un paysan ordinaire, auquel il ne restait pour soutien que l’indignation. Je me soulevais quelquefois avec fureur contre les bourreaux qui m’avaient condamné à la mort de l’âme ; mais c’était une rage impuissante… J’avais toujours attendu des nouvelles de Marguerite ; je n’en attendais plus (les aurait-on interceptées ? M. Foynat m’aurait-il trahi ?) Je désirais de partir ; mais, instruit à mes dépens, j’étais devenu assez prudent pour ne pas le demander.


FIN
du tome deuxième.