Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/41

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les distractions forcées, telles qu’elles soient, aigrissent le mal, au lieu de l’affaiblir. Fayel, ce soir-là, fit amitié à Poquet, et l’appela pour arbitrer un coup.

Nous étions au dimanche des Rameaux, et depuis le mois d’Octobre, je n’avais quitté ni les bas, les culottes, ni les souliers avec quoi j’étais venu ; c’était par une suite de ma timidité naturelle, que je n’avais osé en demander. Tout était en loques ; mais ma soutane empêchait qu’on ne s’en aperçût. L’abbé Thomas ne songeait pas à ces choses-là, pour moi, parce qu’on nous les fournissait sans qu’il s’en mêlât. Ce fut. Fayel qui, le premier, fit attention que je n’allais jamais au vestiaire. Un soir, il me laissa endormir, et il visita mes habits de dessous. Il les trouva dans le plus triste délabrement !… Il pleura de regret, de n’avoir pas plus tôt songé à mes besoins. Il ne m’éveilla pas ; mais il appela doucement le garçon de veille : — « Paul, » lui dit-il, « apportez demain matin, avant le lever, à mon voisin, les choses que je vais vous marquer sur une carte. » Il les écrivit ; et Paul, qui savait que c’était un des deux favoris, exécuta ponctuellement ses ordres. Le lendemain, à mon lever, je trouvai tout ce qui m’était nécessaire… Fayel ne fit pas semblant de s’apercevoir de mon étonnement. Je m’habillai. Je remarquai, dans le cours de la journée, que Fayel me faisait beaucoup plus d’amitiés que de coutume. Mon cœur en devina la cause. Mais si j’en avais douté, un petit entretien, que je