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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/51

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me retrouvais heureux, comme à la lecture du Bon Pasteur, ou en voyant les tapisseries de Saint-Mayeul ; la vivacité de mon imagination me plaçait au site de ma lecture. Ce furent ces trois heures d’extase qui m’habituèrent à la maison, et m’en firent chérir le séjour, que je me rappelle encore avec attendrissement (c’est à ces trois mêmes heures que, depuis, j’ai éprouvé la même palpitation de plaisir, en voyant lever la toile, à l’un de nos trois spectacles). Quelle jouissance me reste aujourd’hui ? Quelle est l’heure heureuse de la journée ? Hélas ! toutes sont égales, et mon cœur ne palpite plus que de terreur !… Une conférence de demi-heure suivait la lecture : un des maîtres interrogeait sur les difficultés rencontrées, et les résolvait. On augurait mal de ceux qui n’en proposaient jamais. On devait bien augurer de moi ; car, à moins que ce ne fût une lecture absorbante, comme celle des Vies des Pères des déserts, par D’Andilly, ou les Actes des Martyrs, je faisais une foule de questions, particulièrement sur l’histoire de Rollin, qui, m’ouvrant un monde tout nouveau, me plongeait dans un étonnement profond ! Souvent le sous-maître Maurice ne pouvant satisfaire à mes demandes, allait au maître ; et celui-ci ayant chez lui plusieurs dictionnaires, répondait à tout, et nous envoyait son oracle… On soupait à huit heures. La récréation jusqu’à neuf, et tout le monde était au lit à la demie.

Au moindre beau temps, la récréation du dîner avait lieu hors de la maison, sous la conduite des