Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/53

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distribution des occupations, qui rompait cette application, les trois récréations, l’attention, soigneusement recommandée, de sortir au moindre beau temps, cette provision de bon air et de santé qu’on faisait à Vitry toutes les semaines, et l’on verra que Fusier entendait fort bien l’institution de la jeunesse, qu’on veut rendre solide, appliquée. Quant aux principes de la morale, c’étaient ceux de cette morale outrée du Christianisme, qui n’enthousiasme que les esprits ardents et peu réfléchis. Il est deux maximes du Nouveau Testament qui ne doivent être présentées aux enfants, qu’avec la plus grande prudence : Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît ; c’est l’Unum necessarium, qui peupla d’anachorètes les déserts de la Thébaïde, et qui n’est bonne chez nous qu’à faire un mauvais capucin. Je suis surpris que cette maxime, si follement inculquée, ne m’ait pas fait fuir dans les forêts, où je serais devenu saint ou voleur ; on devinera ce qui m’a retenu, à mes premières Epoques : ce sont les femmes. La seconde maxime, Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, remet à la mauvaise judiciaire d’un sot, le repos et la tranquillité des États, comme on l’a vu dans toutes les guerres de religion… Heureusement pour moi, l’Unum necessarium, tant répété depuis par mes frères, ne m’empêcha pas de travailler !

Avant de passer à une autre matière, je crois à propos de donner une idée de notre petite biblio-