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1754 — MONSIEUR NICOLAS

décence ? A Toinette : si elle avait consenti à me recevoir dans son lit, je devenais libertin crapuleux. Ha ! je l’ai dit ; je dois tout aux femmes. Les hommes ont les vices ; elles peuvent ne les pas étouffer, et l’on dit alors qu’elles les ont donnés ! Ce sont les vertus, qu’elles donnent ! les vices sont à nous ! Ma conduite le prouve !… Je réfléchissais en sentant mon remords : — « Et je méprise Monsieur Parangon, » me disais-je ; « et j’ai quelquefois osé m’autoriser de sa conduite, pour m’excuser à moi-même mon attentat !… Malheureux ! et si quelqu’un vengeait sur ton épouse la pudeur si souvent outragée !… »

Je ne revis Toinette qu’en rougissant : suivant mon usage, je fus plus attentif, plus retenu à son égard ; je dirais quasi-respectueux ; et cette conduite acheva de me rendre toute son estime, que ma témérité avait diminuée sans doute.

Le 31 Décembre, j’eus une distraction à mes désirs et à mes remords. La tante de M^^^ Potamon, cette Beauté célèbre d’Avignon, me fit réponse. Elle conjecturait « qu’apparemment j’avais vu le portrait de sa nièce, qui ne pouvait être, » disait-elle, « qu’un larcin de peintre. » Cette aventure d’étourdi m’amusa beaucoup, pendant quelques jours, et n’eut pas d’autres suites. Je n’avais eu que le dessein bizarre d’avoir une réponse de cette Belle, et je me trouvai comblé de joie, comme un véritable enfant. Mais, naturellement discret, je ne triomphai pas auprès de Clizot ni de Gonnet ; ainsi,