Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/140

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d’icelui, vendue par son père, et une superbe carmélite, leur cousine, qui s’était livrée elle-même, parce qu’elle était hystérique. Mais toutes ces maîtresses étaient alors enceintes, et Fysitère n’en jouissait que pour avoir des enfants. Il alla chez Mme Linars, pour lui demander en mariage Adélaïde.

« Le velu, en voyant onze femmes dans une seule maison, tressaillit d’aise… Il étala sa fortune, et proposa d’épouser l’aînée. Trente mille francs de rente qu’il prouva (il en avait bien davantage !) le firent accepter sur-le-champ. Il rendit ensuite des visites jusqu’au mariage, et fit des présents, tant à sa prétendue qu’à la mère, aux belles-sœurs, à Lucie et Annette Bar, les deux nièces, ainsi qu’à Géoline et à Marette, la femme de chambre et la cuisinière. Ce fut avec ces présents qu’il attaqua leur vertu… Mais il faut quelques préliminaires qui fassent mieux connaître ce personnage.

« Fysitère était un de ces hommes poilus, qui descendent d’un mélange de notre espèce avec celle d’hommes à queue de l’isthme de Panama et de l’île de Bornéo. Il était vigoureux comme dix hommes ordinaires, c’est-à-dire qu’il en aurait battu dix à armes égales, et qu’il lui fallait, à lui seul, autant de femmes qu’à dix hommes.

« A Paris, il avait acheté la femme d’un nommé Guaé, un scélérat, qui la lui avait vendue et l’avait livrée. Fysitère la tenait exactement renfermée depuis. Il jouissait de cette infortunée, la plus provocante des femmes, et