Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/83

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Oh ! que les puristes ont dû se récrier au chapitre précédent !… Eh bien, puristes, je m’en fous !

Le lendemain, je m’attendais à un peu de bouderie, ou de sérieux. Non, ma Conquette me parla comme à l’ordinaire… Je fus huit jours sans chercher à le lui mettre… Le samedi, son bijou, bien rétabli des fatigues données par Sourcilsgris, dit Montencon, elle y sentit un chatouillement. Elle se ressouvint alors de ce que je lui avais dit, qu’elle pourrait se laisser enconner par Timori. Elle fit une toilette de volupté, se couvrit d’une calèche, et sortit le soir. Mais je l’observais, et la faisais soigneusement observer par Mme Brideconin, ou, comme je l’appelais en badinant, Mme Conbridé.

Je fus averti ; je la suivis pour la préserver de malheur. Elle monta. J’écoutai à la porte, et j’entrevis même par une fente… Conquette se jeta dans les bras de Timori. Mais il était malade. La belle fut gamahuchée seulement. Timori, au lieu de la caresser, comme elle s’y attendait, se mit à lui raconter la suite des événements relatifs à Vitnègre, à Foutamort et à Connillette.

« J’ai été voir Vitnègre aujourd’hui, au lieu de me rendre à mon bureau, étant malade. Je l’ai trouvé malade lui-même, tant il avait été hier effrayé des menaces de son moine. Celui-ci l’avait fait demander. Vitnègre est accouru. Il a trouvé toute la communauté à l’infirmerie. Parvenu au lit de Foutamort, celui-ci lui a dit : « Gueux ! si j’en avais la force, je t’étoufferais… Mais si je suis pour en mourir, comme on l’assure, je déclarerai tout au lieutenant de police, et tu seras pendu !… Tu m’as vendu ta femme. Elle était si belle, que